LA DEPECHE

06/18/2021

By Jean-Alexandre L.

La professeure tisse une chorégraphie avec les mots des migrants.

Depuis le 1er février de cette année, le Studio du Caro accueille des ateliers de danse-thérapie destinés à des migrants installés dans le Comminges. Des ateliers spécifiques menés par Lucille Toth, Commingeoise expatriée aux Etats-Unis depuis 15 ans où elle enseigne à l’Université d’Etat d’Ohio. Chorégraphe dans l’âme, chercheuse en danse, elle mène depuis 2018 un projet de danse-thérapie qu’elle a créé et dénommé “On Board(hers), un jeu de mot en anglais sur la notion de frontière.

Durant 5 mois, les participants ont échangé des témoignages sur leur processus de migration, remémoré des souvenirs de leur pays d’origine, ce qu’ils tentent de créer en France. Ces histoires partagées, oralement ou à l’écrit, sont traduites en mouvements qui se transforment en chorégraphie collective.

Un travail de mémoire par le geste que ces femmes et ces hommes présentent (ce samedi 19 juin, à 18 heures place Barbastro). Cette performance montre non seulement le travail thérapeutique effectué mais offre également la possibilité d’un échange avec le public et les habitants.

Spectacle de 30 minutes

“Apres toutes ces rencontre hebdomadaires, le groupe a eu l’envie de monter un spectacle d’environ 30 minutes, qui met en lumière la présence des migrants en Comminges, leurs histoires passionnantes, l’importance et le besoin de les soutenir”, plaide Lucille avec fougue et conviction. “Ce sont des personnes qui viennent du Maroc, d’Algérie, d’Afghanistan, du Pakistan ou encore de l’Ile Maurice. Leur niveau de français varie énormément. Certains sont parfaitement bilingues, voire trilingues. Avec d’autres, le seul moyen de communication est le non-verbal, le mouvement.” Lucille constate que “travailler avec eux est particulièrement important du fait de leur situation d’extreme isolement social, linguistique, financier et culturel. La langue n’est pas une barrière a l’empathie et la comprehension.” Depuis longtemps, elle souhaitait revenir en Comminges pour assumer cette tâche. “J’ai grandi à Izaut-de-l’hôtel et je connais le potentiel de notre region frontalière. Il y a tant à créer. D’ailleurs, toutes les associations avec lesquelles j’ai travaillé ;’ont ouvert leur porte immédiatement. Femmes de Papier, Espoir, Emmaüs ou encore le CADA de Lannemezan se sont chargés du recrutement des participants.”